jeudi 28 avril 2011

L'anti-Luther - Nietzsche l'Insensé

Vivent les Idiots, les fous et les Insensés ! Et Don Quichotte.


Gai savoir, III, 125 :

Nietzsche peint par Marc-Edouard Nabe
L'insensé - N'avez-vous pas entendu parler de cet homme fou qui, en plein jour, alluma une lanterne et se mit à courir sur la place publique en criant sans cesse : "Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu !" - Comme il se trouvait là beaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu, son cri provoqua une grande hilarité. A-t-il donc été perdu ? disait l'un. S'est-il égaré comme un enfant ? demandait l'autre. Ou bien s'est-il caché ? A-t-il peur de nous ? S'est-il embarqué ? A-t-il émigré ? - ainsi criaient et riaient-ils pêle-mêle. 

Le fou sauta au milieu d'eux et les transperça de son regard. "Où est allé Dieu ? s'écria-t-il, je vais vous le dire ! Nous l'avons tué, - vous et moi ! Nous tous, nous sommes ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous a donné l'éponge pour effacer l'horizon ? Qu'avons-nous fait lorsque nous avons détaché cette terre de la chaîne de son soleil ? Où va-t-elle maintenant ? Où allons-nous ? Loin de tous les soleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés ? Y a-t-il encore un haut et un bas ? N'errons-nous pas comme dans un néant infini ? Le vide ne nous poursuit-il pas de son haleine ? Ne fait-il pas plus froid ? Ne voyez-vous pas venir la nuit, toujours plus de nuit ? Ne faut-il pas allumer les lanternes avant midi ? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine ? - Les dieux, eux aussi, se décomposent ! Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau - Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrons-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux - ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? Il n'y eut jamais action plus grandiose, et ceux qui pourront naître après nous appartiendront, à cause de cette action, à une histoire plus haute que ne fut jamais toute cette histoire." - Ici l'insensé se tut et regarda de nouveau ses auditeurs : eux aussi se turent et le dévisagèrent avec étonnement. 

Enfin, il jeta à terre sa lanterne, en sorte qu'elle se brisa en morceaux et s'éteignit. "Je viens trop tôt, dit-il alors, mon temps n'est pas encore accompli. Cet événement énorme est encore en route, il marche - et n'est pas encore parvenu jusqu'à l'oreille des hommes. Il faut du temps à l'éclair et au tonnerre, il faut du temps à la lumière des astres, il faut du temps aux actions, même lorsqu'elles sont accomplies, pour être vues et entendues. Cet acte-là est encore plus loin d'eux que l'astre le plus éloigné, - et pourtant c'est eux qui l'ont accompli !" - On raconte encore que ce fou aurait pénétré le même jour dans différentes églises et y aurait entonné son Requiem aeternam deo. Expulsé et interrogé, il n'aurait cessé de répondre la même chose : "A quoi servent donc ces églises, si elles ne sont pas les tombes de Dieu ?"

samedi 23 avril 2011

Juste en passant...

Je regarde une vidéo, prétendue pédagogique, sur la création monétaire, pour en juger la qualité. Soit. Premier panneau : "Partout, les États volent au secours des banques et de tout le système." C'est fou comme une virgule peut tout changer. Voici ma proposition :



Partout, les États volent, au secours des banques et de tout le système.


C'est plus signifiant, non ?

Bon, maintenant, je la regarde, la vidéo (Edit : une fois regardée, elle vaut le coup, moins que la lecture des livres dont elle s'inspire, mais c'est plus rapide) :


Crise 2008 - 1) La création monétaire - par moneylefilm



Crise 2008 2) Financiarisation de l'économie par moneylefilm

jeudi 21 avril 2011

Pessimisme et feu sacré

Le pessimisme m'est beaucoup renvoyé à la figure ces temps-ci, au moment peut-être où je le ressens pourtant le moins. Je considère comme mon état normal la pathologie : la dépression, et je ne m'imagine pas autrement d'ailleurs, surtout depuis que j'ai découvert que c'était pour de très bonnes et nietzschéennes raisons - je vous renvoie à Ma maladie est une bénédiction (je ne me souvenais plus avoir donné un titre anglais à cet article, tiens). Devenir un Prince Mychkine actuel que je suis apparaît être la Voie de l'honneur, dans une époque déshonorée, et revient à éprouver ce dont on se convainc aisément à la lecture de Nietzsche : se battre contre le colosse du nihilisme ne fait pas de soi un nihiliste, c'est tout le contraire. 

Le problème est souvent posé en rapport à la question du que faire ? à laquelle il y a une réponse réaliste, et une beaucoup moins (plus ambitieuse) et pour cela jugée utopiste - écartée. Je n'ai pas lu Michéa, mais ça me semble typique de la formation de l'Empire du moindre mal. D'accord, on pourrait imaginer mieux, mais enfin, on a "ça", c'est déjà pas si mal... C'est la légende de la grenouille (à la scientificité contestable). Plongez-la dans l'eau bouillante, elle cherchera à s'enfuir. Plongez-la dans une eau très progressivement chauffée, elle mourra sans jamais avoir compris la menace.

Je trouve dans cette métaphore abusive la justification de l'amour du lointain, et non du prochain. Avoir un système de référence le plus éloigné possible, aussi. Visiter régulièrement le Panthéon des Grands Anciens à épater, dont Nabe décrit le cruel manque dans ces années 2000. Juger les meilleurs de nos contemporains à l'aune de leurs concurrents est une absurdité. Par contre, les comparer à ce qui se faisait de mieux les siècles précédents, voilà qui a du sens, et qui peut servir de boussole. Desproges disait de Jean-Marc Roberts qu'il était présenté, peut-être à juste titre, comme le plus talentueux des écrivains de sa génération - cela devait-il pour autant être vu comme un exploit ? bien évidemment non. C'est à Dante qu'il doit être comparé, et à qui il ne le sera pas une seconde. Circulez.

On me dira : mais ça n'a rien à voir, on ne peut pas comparer. Précisément. Alors pourquoi le faisons-nous ? par défaut, certes, mais nous le faisons. Par négationnisme, par amnésie générale et organisée, nous nous complaisons dans la décadence de notre époque. Lire Léon Bloy est difficile, parce qu'il faut y chercher beaucoup de mots dans le dictionnaire. C'est vrai, mais je le vis comme une honte personnelle, et elle ne dérange personne ; et je tente d'y remédier en l'ouvrant, le dictionnaire. Voici : nous en sommes à une telle avancée dans la destruction des valeurs et de l'âme que le terme médiocrité est encore beaucoup trop flatteur. Depuis mon point de vue, nous vivons la Chute, nous sommes à Babylone, c'est la Bérézina. Pour le penser, le dire, je suis le dépressif. Il me semble pourtant que l'esprit de la défaite est en face, chez ceux qui, sans jamais opposer de faits ni d'arguments, se contentent d'une contradiction de principe, et de la situation qu'ils acceptent, déchéance après déchéance, sans même remarquer qu'il s'agit de déchéances. Faut-il encore que le contempteur de la société dépressive voit sur lui transférer ce caractère dépressif ? Eh bien soit. "Cette multitude d'offenses n'est qu'une goutte d'eau dans un brasier ardent", disait sainte Thérèse de Lisieux.

Et en effet, c'est plutôt une immense flamme, un feu sacré qui me meut. Je passe sur le sauvetage de mon âme. Mais je m'arrête sur des témoignages qui rendent à mes yeux aberrant tout pessimisme. Quand une petite fille de 8 ans m'explique sa surprise et sa joie d'avoir découvert plein de choses et aussi qu'on avait parfois tort et parfois raison, mais qu'on pouvait apprendre après s'être trompé, que c'est ça qui est passionnant et amusant d'imaginer les moyens de vérifier, toujours, ses idées ; quand une autre petite fille de 8 ans revient sur ses pas au moment de repartir avec sa classe pour venir me dire que le séjour avait été génial, qu'elle a adoré, découvert des tas de choses et compris qu'on pouvait apprendre de ses erreurs, qu'elle voulait revenir faire d'autres expériences, et avec un regard brillant de milles et un feux au point que je ne suis pas certain l'avoir entendue dire cela tant son visage lui l'exprimait... le pessimisme est tout simplement impensable, impensable.

Et cette flamme mystique liquide l'écueil de l'inaction politique, celle dont parle Bernard Friot : la lassitude, penser que tout fout le camp, que tout se vaut, qu'il n'y a rien à espérer, et finalement ne pas savoir repérer le subversif dans le monde qu'on habite, pour l'amplifier et en rendre actuelle la portée révolutionnaire. Le désespoir mystique éprouvé est le contraire de la lassitude crainte par Husserl

« Luttons avec tout notre zèle contre ce danger des dangers [la lassitude], en bons européens que n’effraye même pas un combat infini et, de l’embrasement anéantissant de l’incroyance, du feu se consumant du désespoir devant la mission humanitaire de l’Occident, des cendres de la grande lassitude, le phénix d’une intériorité de vie et d’une spiritualité nouvelles ressuscitera, gage d’un avenir humain grand et lointain : car seul l’esprit est immortel. »

Décadence et barbarie, ou Renaissance et héroïsme ? Je suis quichottien, est-il utile de le rappeler ? Mais, en effet, le combat est infini, et la conscience que ce n'est qu'un début, aussi, est infinie...

lundi 18 avril 2011

Echelle de nocivité politique

Bon bah voilà, ça se précise. Nicolas Hulot entre dans la danse, et nous attendons avec impatience le retour de Dominique Strauss-Kahn d'ici le 28 juin, à moins qu'il ne renonce finalement. Il va falloir se décider. La tâche que je m'étais fixée de lister les conditions dans lesquelles je pourrais voter est pour le moment hors de ma portée. En revanche, on peut s'amuser un peu et réfléchir à ce qui serait le pire. Je lance cette échelle appelée à évoluer. Et, elle n'est pas facile à imaginer, parce que la dangerosité des personnages dépend aussi et surtout de leurs chances de l'emporter, c'est ce qui éjecte Marine Le Pen du podium.

Dominique Strauss-Kahn, champion hors catégorie
Directeur du FMI : [erreur du système]


Nicolas Sarkozy, un candidat à la nocivité éprouvée : 2 422 000 points
Discours de Dakar, de Riyad, de Latran : + 1 000
Fouquet's et compagnie : + 10 000
Les vaccins de Bachelot : + 100 000
Guy Môquet, le parrainage d'un enfant de la Shoah et autres débilités : + 1 000
La Libye : + 1 000 000
L'OTAN : + 100 000
Les retraites : + 1 000 000
Le Traité de Lisbonne : + 1 000 000 (haute trahison)
Tunisie : + 100 000
Côte d'Ivoire : + 100 000
Les vacances payées aux Roms pour faire croire qu'il défend les Français : + 10 000



Nicolas Hulot, le clown qui s'il n'était pas clown serait un sérieux candidat à la plus haute marche de l'échelle : 100 000 points
Employé de TF1 : + 100 000



P.-S. : donnez des arguments à charge ou à décharge contre les candidats déclarés ou probables, votez par SMS surtaxé et recevez un porte-clé Mozart Opéra Rock en cadeau.

lundi 11 avril 2011

Volcans, vomissez !


"La France fera payer la facture à la Libye et à... par legrigriinternational

Je ne vois pas quoi rajouter d'autre. A vomir. Et c'est ce qui se passe. Pour ces raisons-là. Et quel vocabulaire ! Facture, Marché, Dommages Collatéraux, Retex... Retex !

dimanche 10 avril 2011

Horresco referens

Il en fut un qui oubliait d’être Laocoon. Ce sera donc mon saint patron. Lao qui ? Laocoon ! La guerre de Troie ! Que ce brave homme ait oublié d’être con, sa seule qualité de prêtre de Neptune suffirait à le démontrer mais il se trouvera des esprits tatillons qui estimeront qu’il en faut davantage, le moine ne faisant pas l’habit – ces esprits soi-disant tatillons confondent d'ailleurs les moines et les prêtres : où allons-nous Je pourrais balayer ces objections d’un gasquet de la main, mais je préfère relever le gant que je ne portais assurément pas : quitte à perdre au tennis, autant ne pas pratiquer l'auto-handicap.
  Ainsi les rusés Achéens ont-ils avant de partir laissé sur la plage un Cheval – il mérite sa majuscule, ce cheval est le cheval – en offrande à Athéna : courageux mais pas téméraires, mieux valait à leurs yeux s’assurer les bonnes grâces de la Déesse pour rentrer par la mer. Les Troyens hésitent mais finissent par faire rentrer Cheval en la ville au lieu de le brûler comme des sauvages. La suite est connue et voilà ce qu’il en coûte de se comporter en civilisé. « Et alors ? » me direz-vous, soucieux de bien comprendre où je veux en venir et gardant encore un espoir que je veuille en venir quelque part, naïfs que vous êtes.
  Et alors mon ami Laocoon avait prévenu, grave et sentencieux comme tous les prêtres de Neptune connus à travers les siècles, et ils furent nombreux : « Timeo Danaos, et dona ferentes » ! C’était sagement s’exprimer. Je crains les Grecs, et même quand ils apportent des présents. Évidemment ! Le plus invraisemblable dans cette histoire, c’est que notre ami, sans même avoir jamais lu Les mains sales, n’en est pas resté au Verbe mais a bel et bien empoigné son javelot pour le lancer dans le Chêne sacré. Le Chêne sacré est Cheval, concluront ceux qui suivent. « Mais, de par mon bâton à physique ! objecteront ceux qui ont lu aussi bien Virgile qu’Alfred Jarry, l’auteur n’hésite-t-il pas entre le chêne, le pin et le sapin ? » Si, l’auteur hésite, mais là, à ce moment précis, il parle de chêne et ce n’est tout de même pas pour rien que je vous parle de ce passage et non d’un autre : que vaudrait cette histoire avec du pin sacré Elle ne passionnerait guère que les théo-anthropophages catholiques.
  Ces bavardages intempestifs, bien qu'un temps festifs, me gênent dans ma narration et la décence impliquerait qu’ils cessassent séance tenante : ces agissements sont choquants. Je reprends, après avoir placé un imparfait du subjonctif. Le javelot se plante, Cheval sonne creux, les Troyens s’en moquent, voire ne le remarquent même pas, les fous. Un esclave grec confirme la thèse du sacrifice à Athéna. Là dessus, notre prêtre hérétique immolait son taureau avec toute l’évidence de la chose que cela suppose. Ici, je vais laisser chanter Virgile (L’Enéide, chant II, vers 204-224) pour des événements d’une extrême gravité qui décideront les Troyens à faire rentrer Cheval (lisez cette parenthèse après l’extrait si vous n’avez rien compris : cet épisode les décide à faire rentrer Cheval puisque le prêtre qui s’y opposait a été puni ! Est-ce clair ? Dorénavant, suivez !) :
Or voici que de Ténédos, sur des flots paisibles, deux serpents aux orbes immenses, (je frémis en faisant ce récit), glissent sur la mer, et côte à côte gagnent le rivage. Poitrines dressées sur les flots, avec leurs crêtes rouge sang, ils dominent les ondes; leur partie postérieure épouse les vagues, et fait onduler en spirales leurs échines démesurées. L'étendue salée écume et résonne ; déjà ils touchaient la terre ferme, leurs yeux brillants étaient teintés de sang et de feu, et, d'une langue tremblante, ils léchaient leurs gueules qui sifflaient. À cette vue, nous fuyons, livides. Eux, d'une allure assurée, foncent sur Laocoon. D'abord, ce sont les deux corps de ses jeunes fils qu'étreignent les deux serpents, les enlaçant, les mordant et se repaissant de leurs pauvres membres. Laocoon alors, arme en main, se porte à leur secours. Les serpents déjà le saisissent et le serrent de leurs énormes anneaux. Deux fois, ils lui ont entouré la taille, deux fois autour du cou, ils ont enroulé leurs échines écailleuses, le dominant de la tête, la nuque dressée. Aussitôt de ses mains, le prêtre tente de défaire leurs nœuds, ses bandelettes souillées de bave et de noir venin. En même temps il fait monter vers le ciel des cris horrifiés : on dirait le mugissement d'un taureau blessé fuyant l'autel, et secouant la hache mal enfoncée dans sa nuque.
   Imagine-t-on spectacle plus effrayant Je frémis d’horreur en le racontant. Horresco referens.
Enfin ! Enfin nous y voilà. Ces chroniques – que Vialatte, Desproges et Cavanna, plantes qui fleuriraient partout où on les porterait, me pardonnent, je leur rendrai hommage partout où je marcherai – n’auront d’autre but que de frémir en racontant comment l’Homme déroge à la Bienséance, car l'Homme ne fait que déroger à la Bienséance. C’est pourquoi je couve une misanthropie galopante (Rossinante oblige). Je me propose donc de jouer ce rôle : passer la moitié de mon temps à méditer au sommet du mont Ararat, et l’autre moitié à écarteler les insensés en place publique. Un tel programme n’apparaitra démesuré qu’à celui qui ne sait rien des aventures du Chevalier à la triste figure, parcourant la Mancha au nom de sa Dulcinée, auteur de mille folies uniquement animé par cet objectif ; avouons-le : il a ouvert la voie. Ce n’était plus que combats contre géants, errances, enchantements et désenchantements, littérature, amour imaginaire et fidélité. Car l’Homme erre et c’est pourquoi lui vient à tout moment l’idée de vivre sa vie telle une odyssée et pire encore, de la raconter. Nietzsche disait assez que l’on pense avec ses pieds. On ne connaît pas diablerie plus vraie. On voit par là que la différence entre l’Homme et l’animal n’est plus ce qu’elle était et même que les animaux semblent avoir repris l’avantage : l’Anglais arrête de manger son chapeau pour le mettre à ses pieds ; l’araignée fait des bonds dans sa toile, et tombe puisque sa toile est verticale ; le mille-pattes, fier de sa nouvelle et incontestable supériorité, envisage l’invasion de l’Iran. A l’inverse, les poissons en sont pour leurs frais, pour la plus grande joie d’Ordralfabétix ; quant aux oiseaux, ils demeurent aussi cons que Chaval le prétendait : ils préfèrent utiliser leurs ailes. Pauvres pauvres oiseaux.
 Partout je poursuivrai les profanateurs de la Bienséance, et la sentence sera terrible, assénée sous forme de points exclarrogatifs, je veux dire d'interrobangs : Ce symbole provient de la superposition du point d’exclamation (un o surmonté d’un i) et du point d’interrogation (un q surmontant un o) et fut inventé en 1962 par le sieur Martin K. Speckter sur lequel la déesse Shiva – sans la moindre raison, nous considérerons que Shiva est une déesse et non un dieu – devait veiller avec attention tant cet apport est considérable pour l’humanité même si elle ne s’en est pas rendue compte, toujours pas. Il est en effet de première évidence que cet interrobang est le signe de ponctuation par excellence de qui se prétend défenseur de la Bienséance. A la furieuse question : « Que fait l’Homme ? », on ne saurait répondre qu’en s’interrogeant autant qu’en s’exclamant. Car l’homme est stupéfiant et ne parlons pas de la femme. Ces chroniques ne seront donc plus qu’interrobangs en pagaille, livrés partout où ce sera nécessaire et non pas seulement là où l’obligation de réserve l’eut permis. J’aime l’obligation de réserve.